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Humour bête et méchant

La fable du loup et du berger, du patou et du juge, de l’ours et du végan.

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Le mouton est con. Les naturalistes nous expliquent que le prédateur mange le plus faible. Les moutons n’ont qu’à attendre paisiblement qu’il fasse son choix et l’ordre des choses sera respecté. Au lieu de cela, le troupeau s’affole, courant en tous sens, excitant le prédateur, avant de se jeter dans un précipice. Le mouton est tellement con que même sa cervelle n’a pas de goût. Le patou est con. Ce brave chien blanc est élevé dès son plus jeune âge au sein du troupeau au point qu’il s’identifie aux moutons. Il devrait pourtant comprendre que ce ne sont pas ses parents puisqu’il aboie alors que ses supposés géniteurs bêlent. Il y en a qui prennent dix ans de psychanalyse pour moins que ça. Quand un randonneur passe, le patou défend ses copains et parfois même chique un mollet sportif. L’arpenteur d’estives porte plainte et voilà l’éleveur au tribunal.

— Le berger est con, dit le juge. En effet, vous avez perdu le bon sens de vos ancêtres qui vivaient en harmonie avec les prédateurs et n’en faisaient pas tout un fromage (de brebis).

— Monsieur le juge, ce sont les politiques qui nous incitent à acheter un chien de protection et lui ne comprend « pas tout ».

— Vous êtes condamné !

Le loup est intelligent. C’est ce que disent ses défenseurs. Il apprend à contourner les clôtures, escalade les grillages, nargue les patous et les bergers. Il a surtout compris qu’il est plus facile de becqueter un mouton que de s’échiner à choper un chamois ou un sanglier. Il s’étale dans notre beau pays comme une goutte d’huile sur une mare. L’ours slovène est encore plus intelligent puisqu’il n’a qu’à lever le pouce pour se faire héliporter dans les Pyrénées.

Le scientifique est intelligent. Un éminent spécialiste écrivait récemment qu’il ne voyait pas le problème puisqu’au temps des Romains, l’ours et le loup vivaient en Bretagne. Ben oui ! Et avant, il y avait même des diplodocus et des tyrannosaures. Si un jour, on arrive à les cloner, on pourra les relâcher ? Un autre défenseur de l’ours explique qu’après une carrière de gratte-papier en ville, il passe sa retraite dans une vallée reculée des Pyrénées à expliquer aux bergers comment vivre en harmonie avec le loup. Un peu facile. Je propose qu’on lui ponctionne sa retraite pour indemniser les éleveurs. Comme la critique est facile, je vais encore passer pour le démago de service, le Mélenchon de l’agriculture.

Je vais donc faire des propositions. Relâchez des ours et des loups dans les forêts de Fontainebleau, Rambouillet, Chevreuse, Marly… Là au moins, il n’y a ni berger ni mouton. Nos braves prédateurs prélèveront un joggeur ou une Brésilienne qui ne court pas assez vite. Un petit commerce local pourra se développer pour louer des chiens de protection, le temps d’un run : 80 € de l’heure. Alors ça, c’est de la proposition concrète ! Pour sauver un arbre, tuez un castor. Pour sauver notre élevage, mangez un végan.

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